Carnet de route

Arêtes de la Bruyère - Week end 21-22/05
Le 30/05/2022 par Tilmont Antoine
Week-end dans les Ecrins, avec comme objectif deux belles courses d'arêtes.
Les deux courses s'atteignent depuis le Pont de l'Alp, non loin de Monetier-les-bains.
En ce mois de mai, les campings alentours étant fermés, nous bivouaquons sous le hameau du Lauzet, à côté de la rivière.
Nous sommes six : Cyril, Laurene, Thomas, Charles, Antoine M et Antoine T.
Le vendredi soir, nous finissons de nous répartir le matériel commun, chargeons les sacs, montons la tente et nous endormons tôt.
Départ du pont de l'Alp à 7h30, le plaisir d'entrer dans ce milieu naturel est au rendez-vous. La marche d'approche est facile, sur le sentier du GR durant deux heures environ. Nous pouvons admirer la crête que nous allons traverser pendant ces heures de marche.
Vers 9h30, nous nous trouvons au bas de la voie. Nous déchargeons les gros sacs contenant le bivouac du soir, nous équipons et nous orientons en bas de la voie : "Arêtes de la Bruyère". Comme on me l'a dit, c'est une course classique. En témoigne, deux autres cordées nous accompagnent au départ de la course.
Charles s'encorde avec Laurène, Thomas avec Antoine et moi-même (Antoine T) avec Cyril.
A 10h, nous débutons l'ascension. Les premières longueurs sont, comme indiquées dans le topo, très patinées. D'en bas, ça a l'air facile.
Je demande à Cyril :
- J'ai envie de faire en grosses la première partie
- Non, tu vois là, c'est une vrai patinoire.
Je lui en suis reconnaissant d'avoir enfilé les chaussons.
La course se déroule sans encombre avec une météo magnifique. La recherche d'itinéraire ne pose pas de problème.
Une cordée du dessous nous dépasse (accompagnée d'un guide), avance très vite. N'étant pas habitué à être premier, je prends mon temps et suis lent dans la pose de protections, la confection de relai. Mes compagnons de cordée me donnent des conseils avisés.
La communication est simple au travers des talkie-walkie. Je (on) prend du plaisir à grimper dans cet environnement magnifique, baigné de soleil.
Les couleurs sont incroyablement belles. Après quelques longueurs assurées au relai, nous avançons corde tendue dans le facile. Au 3/4 de la course, je suis déconcentré, je manque de perdre du matériel, je fais tomber une sangle et me sent en difficulté.
Devant ces signes de fatigue intellectuelle, je demande à passer second : Cyril ouvre la dernière partie du parcours. Les dernières longueurs en 4, bien équipées, sont plaisantes.
Les sensations sont au rendez-vous. On admire les sommets des Ecrins en neige tout autour de nous.
L'ambiance est bonne dans le groupe, j'entend des blagues très élaborées (!) dans le talkie.
A la fin des difficultés, après le dernier rappel, je regarde le chrono actionné au départ. On est bien resté 5h30 dans la voie. L'apprentissage prend du temps.
Un dernier rappel imprévu, nous fîmes nous ré encorder afin de le réaliser.
Charles, ayant des impératifs, nous quitte et rejoint sa voiture à ce moment-là.
Pente herbeuse, le GR nous ramène au point de départ où les gros sacs nous attendent. Le col est balayé de vent, on recherche un spot de bivouac abrité.
Une cabane de berger sera l'endroit idéal pour le repas. N'ayant pas fait de vrais repas au cours de la journée, on se rattrape le soir.
Apéro varié, soupe chaude réconfortante, pates, dessert : On est bien.
On a même un peu de vin transporté dans des petites bouteilles en plastique.
C'est le temps du débriefing de la journée.
Après manger, on se met en contrebas de la cabane, à la recherche d'un terrain plat. Tisane et confidences occupent la veillée. Je me couche assez tôt. ça ronfle fort parait-il.
Le dimanche, après avoir à nouveau packé le matos, on se dirige vers le deuxième objectif du weekend end : Roche Colombe Arête SW.
On redescend le col, arrivons au niveau du "grand lac" redescendons quelque peu dans du terrain délicat, aidé par une main courante. Afin de rejoindre le départ de Roche Colombe, nous réalisons une traversée pour ne pas perdre du dénivelé et attaquer la voie.
La marche d'approche est longue. La progression est lente dans un terrain glissant. Nous approchons enfin du début de la voie après avoir consulté le topo régulièrement. Beaucoup d'animaux sont présents dans cet environnement, l'itinéraire peu fréquenté.
Déja lors de la marche d'approche, nous faisons partir des cailloux en contre bas et , à la vue de l'attaque de la voie : Les bouquetins montent dans la voie ! 3-4 individus adultes ainsi qu'une floppée d'individus juvéniles grimpent dans les longueurs ! Ils nous distribuent des jets de pierre nous obligeant à nous réfugier derrière un rocher. Ambiance. On relit le topo, une phrase explique bien la situation même si elle est concise. Chaque mot a son importance.
Attaquer côté W de l'arête, près d'une cornière en fer (à priori n'est plus présente en 2021). Commencer au niveau d'une terrasse, vers 2600 m. Rejoindre le fil de l'arête, III, attention rochers instables.
Attention, rochers instables en effet..
A 10h30 nous nous tenons en bas de la voie, équipés, encordés et prêts à grimper.
Thomas partira le premier. Le terrain est difficile à équiper, il parvient à poser un friend en 20 mètres. La corde continue à faire tomber beaucoup de cailloux dans le couloir. Alors l'idée de se mettre à 5 dans ce couloir commence à nous paraitre dangereux. Une prise de position de la part de chacun des participants est entreprise. On en conclu que le danger est trop important. Nous allons battre en retraite. Nous discutons avec Thomas et recueillons également son avis, qui va dans le même sens. Le but pour lui est maintenant de faire une réchap. Il y parviendra en abandonnant un coinceur et une cordelette.
Thomas aura passé 1h entre la recherche d'itinéraire et la confection de son relai pour la réchap.
A 11H, on bat en retraite et on redescend ce qu'on a mis tant de temps à monter ce matin.
Le reste de l'après-midi est utilisé à discuter technique de nœuds, technique d'alpinisme, partage d'expérience en général.
Nous redescendons vers les voitures après avoir partagé un casse-croute. Le secteur est verdoyant, en fleur. La marche retour se fait dans un cadre buccolique. On a pas envie de partir.
Une bière à Monetier termine en beauté le weekend. Retour à Marseille pour la plupart, certains prolongent le plaisir de rester en montagne.