Carnet de route
WE Snow Baou dans le Champsaur
Sortie : Perfectionnement Snow Rando du 12/03/2022
Le 17/03/2022 par David
BRA : 1 vers 2
Courses skitour : https://skitour.fr/sorties/157358 (samedi) et https://skitour.fr/sorties/157361 (dimanche)
Photos : https://photos.app.goo.gl/gK24aWxwu24ProM59
5h du matin c’est tôt pour un samedi, tout le monde vous le dira. En particulier les courageuses rideuses et vaillants riders du Baou de cette sortie qui, de prime abord, aura du mal à tenir ses promesses. Des promesses Nico ne nous en a fait aucune dans ses mails de prépa : « la quantité de neige dans les Alpes du Sud est plutôt maigre », et « il va être difficile de trouver des conditions idéales » (je cite le maitre)… mais il nous annonce tout de même « de belles courses de niveau 2.3 à 3.2 sur les pentes nord (…) avec un peu de portage au début ». Le cadre est posé.
Vers 9h tout le monde se retrouve au gite à Forest Saint Julien, check bisous café, on déplie bagage et on enfile notre tenue de combat. Après quelques palabres, Nico nous emmène finalement à Molines en Champsaur pour une course vers le pic de la Saume, option couloir de l’Aiguillas. Le début se fait en mode été, limite t-shirt, ça réchauffe les corps et les cœurs. Des randonneurs qui nous auraient croisés se seraient demandé ce que font ces 6 originaux boots aux pieds et surfs dans le dos à grimper par ici, là où les seuls flocons qui subsistent de cet étrange hiver gisent en tas sur le parking, vestige gris sale poussé dans un coin par le chasse-neige.
Au fil de l’ascension on foule d’abord quelques plaques de glace couvertes d’aiguilles de mélèzes, puis de la neige dure sur le chemin pour finalement chausser raquettes et split un peu avant la cabane de Peyron Roux.
Puis la forêt s’éclaircie et le paysage s’ouvre en grand sur le vallon des Plaines Rouges. A l’ubac, un chamois nous mate, figé dans l’espoir que l’on dégage de son chez lui, de sa montagne, sa quiétude que l’on vient polluer de nos blabla incessants (il y a deux filles assez bavardes dans le groupe, je ne citerai pas de noms). Pause contemplative émue. On vise l’amorce du couloir de l’Aiguillas pour pique-niquer, 500 mètres plus haut. La pente s’accentue, le groupe s’allonge, les écarts s’agrandissent. Nico galope devant, les jeunes s’accrochent à leur jeunesse, le vieux ferme la marche, spliteux à la peine dans les passes en dévers glacées avec un porte-couteaux cassé. Après un sandwich vite avalé et une manip split sous les vannes éculées des raquettés, le chef nous brieffe la suite, où la neige semble plutôt bonne. Quelques zig-zag dans un bon 35°, et Margot s’échoue (lourdement) au bord du couloir, séchée. Une aubaine pour moi qui suis dans le rouge depuis longtemps déjà : j’en profite pour lâcher un timide « bah je vais rester avec elle hein » entre deux souffles, gentleman. Les golgoths nous abandonnent là à notre triste sort et repartent la fleur au fusil, Max droit dans la pente avec les crampons, en mode bulldozer. Vu l’autoroute qu’il trace, je me remotive et mets mes pointes dans les siennes, une voie royale que je ne suivrai pas jusqu’en haut, faute d’avoir pris des cuisses de rechange dans mon sac déjà trop lourd. Clém stoppe un peu plus haut et les 3 gaillards poursuivent sans broncher (en tout cas vu d’ici), jusqu’en haut du couloir.
Plus bas on attend. Longtemps. J’ai tout mon temps pour respliter et préparer mes petites affaires, tendant l’oreille pour deviner leur arrivée au dessus du petit verrou qui me cache le haut de la pente. Une boulette de neige roule parfois au milieu du couloir, annonciatrice de la descente ? Non ? Alors, on attend, encore. Margot s’essaie à l’hypothermie tout en se faisant des films en cinémascope aux titres évocateurs : « L’Aiguillas meurtrier », « Rescue in Champsaur » (le 2), ou encore « Maman j’ai froid », et répète en boucle ses meilleurs répliques genre « I’m gonna die heeeeere ! » ou « RAF dans 5 minutes je redescends toute seule ! »
Enfin ça ride, virages sautés, dérapages, grandes courbes, 720 over the cliff (si si, comme dans Rescue in Champsaur 2, à la fin), butt-check, les ride.uses.rs du Baou déploient tout l’éventail de leur art parfaitement maitrisé en lançant de bruyantes onomatopées qui nous vaudront la rancœur éternelle du chamois associal croisé plus bas.
On récupère ce qui reste de Margot et on attaque la descente du vallon dans une neige transformée, changeante mais qui nous offrent tout de même de beaux moments de glisse. Boarder-cross dans le bois puis le reste à pied, symétrique logique de la montée en plus pénible. Nico et Manu partent devant pour aller faire les courses avant la fermeture des shops, mais on les retrouve finalement en bas, bière à la main à la terrasse de l’auberge locale, au risque de sacrifier notre repas (et sans scrupule aucun, les fourbes). Mousse blanche ou dorée selon les gouts, mines satisfaites, œillades reconnaissantes à Nico qui a (encore) réussi à trouver le bon spot au milieu de cet hiver pourri.
S’en suit une soirée chaleureuse et animée, un tourbillon vertigineux de houblons sélectionnés, saucissons affinés, pinards délicats et, au sommet de cette envolée gastronomique une magistrale Carbonara concoctée par Clem (un bon conseil : n’allez pas voir le boucher du Carrouff de St Machin). Moult blablabla et avalanches de hahaha. Repus et épuisés (et un peu ronds aussi), à 23h tout le monde ronfle.
Dimanche matin. Il pleut. Ciel gris, réveil morose, sous l’œil torve de Marine, fâchée d’avoir passé la nuit dehors, placardée en face du gite. Ca traine des pieds, faut se lever, faire le ménage, trouver un SPA à défaut de trouver la motivation d’aller gambader dans la montagne. On tire des plans sur la moquette, on scrolle du topo, on envisage des courses froides et humides dans lesquelles on a du mal à se projeter. Mais Nico aka Monsieur Propre rebooste tout le monde à grands coups de serpillière et nous voilà retipar sur les routes des Hautes Alpes, direction Archinard, non sans que Margot et Max aient sauvagement vandalisés un peu de matériel électoral aux relents nauséabonds avant de partir.
Une fois garés au pied du (raide) sentier qui monte à l’aiguille d’Orcières, ça parlemente, ça tergiverse, ça rechigne. Il pleut à moitié, une goutte pour deux flocons, on était bien dans les voitures, au chaud. Au final on se déballonne (pas tous, mais les golgoths sont compréhensifs) et le groupe opte pour une course plus cool vers le col de Rouanette.
Très belle montée en mode ballade dans la forêt, traversée de torrent (l’aventure c’est l’aventure), sous les flocons de plus en plus légers et abondants à mesure que l’on s’élève vers le col. Vers 2000, Nico propose de bifurquer dans un vallon latéral qui semble prometteur et tout le monde suit les yeux fermés. Bonne couche de fraiche, visibilité pas si pire malgré la neige et le blizzard qui gagnent en intensité, on chausse « vers les deux petits rochers là-bas », en haut d’une belle combe qui a l’air bien chargée. Ca neige, ça souffle, ça cingle les joues, c’est la Montagne avec un grand M, celle qui fait se sentir tellement vivant. En face, sur l’autre versant, une falaise de flyschs a imprimé dans ses plis gracieux toute la puissance créatrice de Mère Nature, que je remercie intérieurement (OK là je m’emballe). Et la descente est belle, la neige fraiche et profonde, la pente parfois soutenue. Enchantés et reconnaissants, nous tapons le casse-croute à la bergerie. Encore un petit boarder entre les arbres, un peu de chausse-déchausse et on rejoint enfin les voitures. Pit stop à la fromagerie, provisions de tourtons et de tomme, biz biz et retour sur Mars, passagers rapidement endormis, bercés par la route et les souvenirs de ce beau WE.
Merci Nico, merci Margot, Clem, Manu, Max.
David





















