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EMILIO COMICI, L'Ange des DOLOMITES

EMILIO COMICI, L'Ange des DOLOMITES

Lorsque Catherine Destivelle m'a proposé de traduire l'ouvrage de Smart consacré à Comici, j'étais un peu perplexe. Que pouvait-on rajouter sur le grand Emilio qui n'ait été dit ? Si la partie consacrée à ses exploits est bien connue des connaisseurs de l'histoire des Dolomites, la partie qui traite du dénuement de sa famille, de sa jeunesse sous l'occupation autrichienne, puis de son engouement pour le fascisme, tout au moins au début, était nouvelle. Smart nous présente un être d'une grande sensibilité, fidèle envers ses idéaux, la montagne en premier lieu, et surtout ses amis. Même lorsqu'il subira une disgrâce relative – Comici était farouchement anti nazi et le fit savoir, en particulier au moment de l'alliance avec Hitler - il sera toujours un soutien pour ses amis juifs ou Slovènes. Rapidement, Mussolini sut tirer profit des exploits sportifs pour les mettre au crédit du fascisme. Après avoir « domestiqué » le CAI (notamment en créant le CONI), le régime instaura un système de médailles calqué sur le principe olympique. En dépit de ses exploits fabuleux, bien en avance sur leur temps, comme la première de la face nord de la Cima Grande puis, quatre ans plus tard, la première en solitaire de sa propre voie – le premier solo d'un « sixième degré » - Comici fut privé de cette reconnaissance, évincé au profit de performances bien moindres. Le livre met aussi en exergue « l'art de grimper d'Emilo Comici », comme le dépeignait si bien Casara. Car si Cassin fut un bulldozer du sixième degré, Comici était et restera l'artiste au style inégalable. Il était musicien et sa sensibilité lui faisait comparer une escalade harmonieusement réalisée à une sonate. Au sein de cette période si riche en grimpeurs de génie comme Andrich, Carlesso, Soldà ou Vinatzer, Comici reste un esthète, un magicien de la verticale, préfigurant avec un demi-siècle d'avance un certain Patrick Edlinger. 

Editions du Mont-Blanc ; Px : 20 € ; ISBN 978-2-36545-135-2 ; nb de pages : 336

Ce livre a été traduit de l'anglais par Barney Vaucher, membre du club.

CONI : Comité National Olympique Italien, chargé entre autres, d'avoir la main mise sur le CAI jugé peu docile par les dirigeants fascistes. Vichy fera de même, mais avec beaucoup moins de succès, en créant la FFM.